Tiera oscura 1.2.0





Suggestions, impressions nées du plafond de l’atelier exsangue, d’où ruissèle une fine poussière étoilée à même la toile comme au milieu de la zone de Stalker, là où gisent en amas ces gravats, lieu inhabité pleinement présent. Des images de nature luxuriante, sauvage mais polluée pleine de crasse perdue entre l’expression naturelle et le post-industriel.

Terres brûlées et arides de la lune comme celles des autres planètes inconnues aperçues en rêve lors des sessions musicales pour Apollo.
Une balade entre vie et mort de dead man dans ce paysage mental rugueux, parfois hostile, succombant au rythme lent et lancinant de l’errance.
Le souvenir des blacks paintings d’Ad Reinhardt. Juste à regarder. Et plonger.
La camera obscura est le lieu privilégié du regard sur les alentours. Juste pour percevoir autre chose, entre présence et absence, dans une ambiance mystérieuse. Etrange évocation.


PN.f.N.P.

(Philippe Neau, Fabienne Neau Papineau)

the white wild planet (installation 1.0)


Dans ma tête, cet amas de gravats, puissant agglomérat d'une matière en devenir, blanchâtre, poussiéreuse, irrégulière, féconde et fascinante.
Et dans ma mémoire : plus aucun bruit.
Seul le souvenir douloureux du soc, le corps engourdi mais la tête légère.
Comme un fort sentiment d’apesanteur qui projette au loin les idées,
ailleurs en suspension.
Ce blanc silence.
Celui du mur, du tableau quand vient l’énergie fulgurante de Samo,
en décembre la neige.
Et toujours cette scansion du noir qui jaillit poudré au cœur du carré ouvert.
La charge des Jeunes dieux.
Ce silence, à nouveau.
Où le lieu prend place pleinement,
le paysage s'ouvre, vacille et espère.

PN.f.N.P.

(Philippe Neau, Fabienne Neau Papineau)

un espace pictural entre peinture, son et vidéo


Ma peinture se nourrit de la rencontre entre la couleur, le corps et son énergie, l’espace immédiat et environnant et les objets.
Ce que j’appelle objet : objets de l’atelier, de la maison. Objets de rebut. Objet aux formes incongrues. Objets aux formes simples et évidentes. Objets sans fonction car devenus inutiles. Objets qui « parlent », évoquent à la fois un rapport au quotidien, au réel et en même temps son inutilité immédiate et donc son pouvoir captateur ou imaginaire. Objets sourds. Objets surréalistes ? Oui un peu à la manière de certains assemblages de Joan Miro. Des objets étranges entre deux univers, entre deux.
Ces objets proviennent de mon quotidien. La maison, le jardin, l’atelier. Mais une fois dans l’atelier, ils rentrent dans la peinture comme aspirés. Ingérés, disparaissant tout en étant là. Ils dynamisent, percutent, rythment la vision. De cette rencontre ludique, la peinture devient assemblage. Moins sérieuse d’apparence car pleine de vie, insouciante, rapide et débordante. De l’énergie du jeu. Du vite fait, presque mal fait. Presque sérieusement mal fait comme certains singuliers de l’art dont parle Jean Dubuffet. Jeu, vivacité, énergie, puissance du faire. La peinture devient un lieu d’expériences entre surfaces et volumes, surfaces et espaces.
Parmi ces objets, l’élément sonore s’est infiltré. Ecoutant de la musique dans l’atelier, de fil en aiguille, le son a pris part au magma pictural. Son qui a oublié sa dimension illustrative. Plutôt un bruit, une énergie vibrante et atmosphérique provenant d’assemblage divers. Sons collectés puis malmenés par un logiciel, ils créent une ambiance qui intègre le spectateur à la peinture. Un son ample, sourd, rampant. Saturé et dégagé de sens mais entêtant.
Dans cet espace pictural l’image vidéo a pris place depuis peu et intègre le dispositif. Ces images viennent ponctuer, rythmer à leur manière les installations. Elles sont travaillées de façon à abolir l’aspect narratif et illustratif. Leurs surfaces étant assez opaques et pleines de textures. Des motifs cependant subsistent au même titre que les objets sont reconnaissables…. Leur présence permet de capter le spectateur et de l’englober.

le 3 mai 2011

vidéos 2 (notes)


les vidéos sont des extensions de ma peinture. elles sont parfois longues, parfois courtes. le point de départ a été la musique : je sautais sur un morceau de musique en entier (girls against boys et the young gods), comme une sorte de performance, seul, en direct… le son ambiant : la musique, ma respiration (ou plutôt mon essoufflement), les bruits ambiants (chaussures, pièces) participaient au rythme… le jeu avec mon corps, mon visage, leur déformation, le mouvement.
certaines sont courtes : en fait au départ par accident mais en même temps cette brièveté m’a permis de mettre à jour cette urgence, cette énergie… car en fait ce qui m’intéresse c’est bien l’énergie, l’urgence du faire, de l’acte, du geste.
certaines vidéos sont autre chose que de la musique : paysage, course, ciel, lumière… elles rejoignent des séries de photos (les nuages, le ciel) ou reprennent des idées de paysage qui ont toujours été en germe dans ma peinture et là je fabrique/colle du son avec pour créer une atmosphère… je fais aussi des bricolages sonores à base de samples et ensuite je mets des images dessus… toujours pour créer des atmosphères, pour permettre aux spectateurs d’entrer à l’intérieur.
parfois je cherche à faire des choses plus « pures » au niveau image et au niveau son ; parfois l’aspect bricolage revient, très présent, il brouille la chose pure comme si l’énergie était là latente et présente… j’apprécie le format court, plus concentré et plus mystérieux